dans
la programmation
Sont-ils des humains, des batraciens ou bien des extra-terrestres ? Si cette troupe d’hurluberlus aux chaussettes vertes vous intrigue, venez les découvrir à l’Avant Seine à l’occasion de leur dernière date française.
La compagnie de danse ambiguë
Qui n’a jamais ouvert un dictionnaire, est tombé sur un mot, et a cherché à comprendre pourquoi le destin avait choisi de lui présenter cette page ? Quand Boram Kim a ouvert son dictionnaire, c’est le mot “ambiguous” qui s’est manifesté. Chorégraphe aux intérêts multiples, oscillant entre hip-hop, street dance et ballet, il s’est souvent demandé comment qualifier son style. Signe providentiel ou simple coup du hasard, il obtiendra sa réponse : son style sera ambiguë.
Accompagné de son ami le danseur Kyeong Min Jang, Boram Kim fonde en 2008 la compagnie Ambiguous Dance Company avec la volonté de créer un groupe de danseurs libres, affranchis des règles inhérentes aux différents styles de danses. S’interrogeant sur leur propre pratique, les deux artistes désirent avant tout casser les idées préconçues en proposant des créations toujours plus surprenantes ainsi qu’un vocabulaire unique et personnel.
Chorégraphe du spectacle Body Concert créé en 2010 et parcourant le monde depuis, Boram Kim transmet une vision particulière de la danse où le corps est considéré comme le langage le plus précis et le plus authentique pour comprendre les humains.
Un concert de danse ?
Spectacle de danse, Body Concert prend avant tout la forme d’un concert en 10 actes. Le choix de cette forme n’est pas anodin puisqu’il résulte du processus créatif du chorégraphe. En effet pour Boram Kim, la musique est le point de départ de toute création et le corps s’ajoute pour la traduire presque littéralement. Ce schéma de création permet de nous transmettre les sensations corporelles ressenties par les danseurs d’une manière fine et engageante.
Le silence entre les morceaux est également exploité à son plein potentiel et permet au langage du corps de prendre plus d’importance en écartant toute autre considération.Le groupe fait preuve d’une grande vitalité et la maîtrise de leurs corps en toute circonstance, peu importe le répertoire de danse et de musique abordé, est tout à fait captivant.
Tout le monde peut danser – tout est une question de rythme
Il est également question d’humour. Combinaison de mouvements appartenant à la danse contemporaine, au hip-hop, au ballet ou encore à l’électro, la chorégraphie est particulièrement expressive et traduit avec une simplicité frappante les différentes musiques. Paradoxalement vêtus de costumes noirs élégants, coiffés de bonnets de bains et chaussés de chaussettes vertes, les danseurs arborent une allure comique et absurde qui ne laisse personne insensible. Pour Boram Kim, les yeux sont véritablement le miroir de l’âme : il décide donc d’ajouter à cet attirail une paire de lunettes de plongée pour que le public ne se concentre que sur le langage du corps.
Le spectacle est en ce sens une bonne introduction à la danse contemporaine jugée parfois trop abstraite. Très intuitif, il permet aux petits comme aux grands de passer un moment burlesque où chaque mouvements des danseurs, comme la ponctuation d’une phrase ou une note de musique d’une partition, vient les saisir. Très énergisant, Body Concert en devient même envoûtant. À travers ce spectacle, Boram Kim tente de diffuser sa vision de la danse et de réveiller cet instinct qu’il croit enfoui en chacun de nous recouvert par le langage et l’éducation.
Maëliss Doué
© Ambiguous Dance Company & Dajana Lothert