dans
la programmation
Louis Arène, ancien pensionnaire de la Comédie-Française et co-fondateur du Munstrum Théâtre, propose une vision fidèlement décomplexée du classique de Molière.
Les genres s’inversent dans une pièce au caractère féministe très actuel
Loin de voir le mariage comme un emprisonnement, Dorimène voit son union avec le vieux bourgeois Sganarelle comme une opportunité de vivre une vie fortunée en toute indépendance. Le mariage devient alors pour elle l’endroit de la lutte et de l’émancipation. Sganarelle, quant à lui , se transforme en prisonnier d’une situation créée par sa vanité et son arrogance. La pièce suit ainsi le parcours d’un homme bourgeois naïf et perdu comme on en voit souvent chez Molière cherchant désespérément et sans succès à justifier son propre mariage.
Des partis pris de mise en scène forts à l’image d’une compagnie pleine de personnalité
Louis Arène fait ici exister en unisson ses deux grandes familles, d’une part la comédie française et de l’autre le Munstrum Théâtre en interprétant la pièce de Molière par une mise en scène masquée qui n’est pas sans rappeler la Commedia Dell’Arte. Nos personnages sont piégés dans une scénographie faite de planches de bois qui évoquent celles du théâtre classique, grimés et masqués par la patte maintenant très reconnaissable du Munstrum Théâtre. Louis Arène met ici sa passion pour le burlesque et le grotesque au service d’un texte qui s’y prête extraordinairement bien, tirant avantage non seulement du propos du texte de Molière, mais aussi de son humour indémodable. Sganarelle, interprété par Julie Sicard, fait face à une Dorimène campée par Christian Hecq au sein d’une comédie qui questionne et malmène les rapports de genres avec irrévérence et second degré.
La compagnie Munstrum : un théâtre du masque et du corps
Créé par Louis Arène et Lionel Lingelser, le Munstrum Théâtre, fondé sur la thématique du monstre, cherche à explorer les tréfonds de l’humanité par le biais d’un théâtre exacerbé, à grands renforts de masques conçus par Louis Arène et faits en Podiaflex, une matière couleur chair qui ressemble de près à la texture d’un visage. “Le masque change énormément de choses, explique Lionel Lingelser. L’émotion se transmet autrement, le jeu se place ailleurs. […] Les masques ressemblent en quelque sortes à des marionnettes.”
Une direction artistique unique en son genre, à la fois immersive et fantasmagorique, où la limite entre monstre et humain est toujours plus floue, que ce soit dans les mots ou dans les corps.
Gabriel Houdayer
Distribution et mentions complètes
Production Comédie-Française
Mise en scène et scénographie Louis Arene
Avec Sylvia Bergé (Alcantor et deuxième bohémienne), Julie Sicard (Sganarelle), Christian Hecq (Dorimène et Marphurius), Benjamin Lavernhe (Pancrace, Lycaste et troisième bohémienne), Gaël Kamilindi (Géronimo, Première bohémienne et Alcidas)
Dramaturgie Laurent Muhleisen
Scénographie Éric Ruf et Louis Arene
Costumes Colombe Lauriot Prévost
Lumières François Menou
Réalisation sonore Jean Thévenin
Masques Louis Arene
Collaboration artistique Lionel Lingelser
Assistanat à la mise en scène Emilie Lacoste
Assistanat à la scénographie Auriane Robert
Assistanat aux costumes Carole Trossevin