Face aux multiples annulations de représentations, l’Avant Seine a pris les devants et a délocalisé l’un de ses spectacles jeune public, Fables à la fontaine. Initialement prévues au théâtre ce 12 mars, les Fables ont été rapatriées dans des écoles élémentaires colombiennes. Au total, 14 représentations ont eu lieu dans 3 établissements scolaires devant quelque 400 élèves.
Il a fallu prospecter des écoles, des professeurs, des chefs d’établissements, s’adapter aux salles polvalentes, puis finalement, 15 classes d’élèves du CP à la sixième ont assisté aux fables Le Loup et l’Agneau et Le Corbeau et le Renard, respectivement chorégraphiées par Béatrice Massin et Dominique Hervieu.
Ce projet, présenté en collaboration avec le Théâtre National de Chaillot et le réseau Escales danses, devait présenter trois fables en un seul spectacle, mettant ainsi en exergue les différents points de vue et choix artistiques de chacune des chorégraphes. Afin de d’adapter les représentations à un cadre scolaire, le spectacle a été scindé : au rythme de 4 représentations par jour, les danseurs ont joué une fable à la fois, devant des classes d’environ 25 élèves.
Les enfants s’installent sur des chaises d’écolier, préalablement disposées dans une configuration d’amphithéâtre face à un plateau au sol, improvisé pour l’occasion. La salle entière est adaptée par la troupe et par les équipes techniques de l’Avant Seine pour présenter le spectacle. Si le lieu ne permet pas de jeux de lumière comme au théâtre, il offre aux jeunes spectateurs une proximité exceptionnelle avec les artistes, comme un privilège, un cadeau. Et ça se ressent : malgré les masques, durant le spectacle, l’émotion est palpable.
Autre bonus pour les enfants : un bord de scène animé par l’assistant chorégraphe, Wu Zheng, en présence des danseurs. Les questions et les remarques spontanées fusent, poétiques ou techniques, mais toujours judicieuses !
Avec Le Loup et l’Agneau, Béatrice Massin met à l’honneur la danse baroque de la cour Versaillaise, et échafaude une tension grimpante entre les deux personnages, pour finalement amener la morale de la raison du plus fort avec la défaite tragique de l’agneau. Pour Le Corbeau et le Renard, Dominique Hervieu choisit de mettre en avant la diversité, accessoirisant la performance des danseurs avec des extraits vidéos et sonores du récit en plusieurs langues, y compris en verlan et en langue des signes… Dans les deux cas, le résultat est limpide : les enfants jubilent de voir l’histoire se dessiner sous leurs yeux et se livrent à des analyses des choix esthétiques de mise en scène.
Les danseurs, Félix Héaulme et Mylène Lamugnière, attendaient depuis un an d’interpréter ces pièces. Ils s’adaptent sans problème à ces lieux de représentations inhabituels et offrent une performance jouée avec passion et générosité. Leurs échanges attendris avec les élèves à la fin du spectacle témoignent d’un précieux moment d’émotion et de partage. Et ça nous avait manqué !