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Après le succès en 2012 de Memories from the Missing Room avec le groupe Moriarty puis sa collaboration avec Bertrand Belin pour Spleenorama en 2014, Marc Lainé poursuit son travail mêlant toujours théâtre et musique live. Avec Hunter il investit l’univers du cinéma d’horreur et invite l’artiste électro Superpoze à jouer en live la bande son du spectacle.
Découvrez les toutes premières images du spectcale ainsi qu’un entretien de Marc Lainé avec le journal La Terrasse dans lequel il présente son travail de création.
Quels questionnements vous ont amené à explorer le champ du cinéma d’horreur ?
Marc Lainé : Je ne suis pas particulièrement fan des films d’horreur, mais je trouve que les monstres qui les peuplent sont des sujets passionnants. Le personnage central de Hunter est une créature mi-femme mi-animal, une sorte de loup-garou. Travailler sur le cinéma de genre est aussi une manière d’avancer masqué, de poser un regard décalé sur des sujets essentiels, universels, que l’on a peut-être épuisés par ailleurs : ici, le désir, sous toutes ses formes, même les plus monstrueuses.
Vous mêlez théâtre et captation vidéo. Quel sens donnez-vous à cet aspect de votre travail ?
M. L. : Je me considère avant tout comme un auteur. Je dirais même un fabuliste, dans la mesure ou mes récits sont souvent allégoriques. Mais mon écriture est transdisciplinaire : je croise tournage en direct, musique live et scénographie pour raconter mes histoires. La vidéo n’est donc qu’un des éléments qui constituent cette écriture. Un élément au service de la fable.
Que souhaitez-vous explorer, dans Hunter, des zones du visible et de l’invisible, de la fabrication et de l’illusion ?
M. L. : Au cinéma, le spectateur doit voir et croire à la transformation d’un personnage en animal, plutôt que de s’interroger sur la portée symbolique de cette transformation. Dans Hunter, au contraire, les différentes images qui appartiennent au répertoire du cinéma d’horreur (apparitions, métamorphoses, mutilations…) sont fabriquées à vue, filmées en direct et retransmises sur un écran géant. Le spectateur a la liberté de choisir ce qu’il regarde : la fabrication bricolée d’une image sur scène ou sa réalisation sublimée projetée sur écran. C’est dans ce choix, dans cet écart entre le théâtre et le cinéma, que des espaces d’interprétations lui sont offerts, conférant une complexité supplémentaire à la fable.
Avant de mettre en scène vos propres créations, vous étiez scénographe pour d’autres artistes. Qu’est-ce qui vous a décidé à franchir le pas de la mise en scène ?
M. L. : La nécessité de raconter mes propres histoires. J’avais ce besoin viscéral de développer un univers personnel et singulier. J’aurais pu tenter de le faire au cinéma, mais le théâtre m’attirait plus. Le mystère de la boîte noire du théâtre me fascine. Au fond, si l’on devait faire une analogie, rien ne ressemble plus à une boîte crânienne qu’une cage de scène, non ?
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat pour La Terrasse
Crédit photos Simon Gosselin