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Exilée iranienne, Golshifteh Farahani est à seulement 32 ans une star montante, à la fois au cinéma et sur les planches. Elle s’immerge corps et âme dans son premier rôle au théâtre, et interprète entre volupté et souffrance, le personnage d’Anna Karénine, une héroïne qui « a payé très cher sa liberté, comme elle ».
Née en Iran, Golshifteh Farahani est la fille du metteur en scène de théâtre Behzad Farahani, qui lui a donné ce prénom persan unique, composé de « gol », « la fleur », et « shifteh », « éprise », qui signifie « éprise de la fleur ».
Jonglant avec les gammes et le piano dès l’âge de cinq ans, elle intègre à douze ans une école de musique. En parallèle elle joue dans Le Poirier, un drame romantique qui lui vaut le prix de la meilleure actrice au festival du film de Fajr. C’est son premier film, elle n’a alors que quatorze ans, mais son choix est fait : elle abandonne sa carrière musicale et se tourne vers le cinéma.
Le public étranger, et notamment français, la découvre seulement en 2003 dans Deux Anges de Mamad Haghighat, qui célèbre la passion d’adolescents iraniens pour la musique, et Boutique de Hamid Nematollah, où son rôle d’Eti lui vaut le prix de la meilleure actrice en France, au Festival des 3 Continents de Nantes.
Dès lors, la jeune actrice enchaîne les tournages dans des films d’auteurs mais aussi des superproductions : A propos d’Elly de Asghar Farhadi, Poulet aux prunes de Marjane Sartrapi, Syngué Sabour, pierre de patience de Atiq Rahimi pour lequel elle est nommée meilleur espoir féminin au César 2014, My sweet pepperland de Hiner Saleem, Exodus de Ridley Scott, Eden de Mia Hansen-Love, ou plus récemment Les deux amis de Louis Garrel et Les malheurs de Sophie de Christophe Honoré.
Elle est la première actrice iranienne depuis la révolution islamiste de 1979 à jouer dans une production américaine, Mensonges d’État de Ridley Scott avec Léonardo Di Caprio. Film qui lui vaut de la part du gouvernement iranien une interdiction temporaire de sortie du territoire et une confiscation de son passeport. Son crime : avoir osé s’afficher sans voile et en robe lors de l’avant-première. Elle finit par réussir à quitter l’Iran pour rejoindre des tournages sur lesquels elle est attendue, mais elle vit depuis en exil, par peur de rentrer dans son pays.
« L’exil, c’est comme un enfant mort qu’on n’oublie jamais. Je ne regrette pas du tout : c’est un privilège, d’avoir expérimenté ce truc profond et extraordinaire à l’âge de 24 ans. J’ai perdu mon pays, mais j’ai gagné le monde » confie t’elle lors d’une interview accordée au Parisien.
En 2012, elle pose nue pour la revue « Egoïste », manière pour elle de revendiquer et d’assumer son autonomie et sa liberté de femme. Son corps devient le manifeste de sa nouvelle vie, loin de Téhéran, qu’elle ne reverra peut-être jamais.
Crédit Photo Diego Governatori