dans
la programmation
En attendant de découvrir Les Rois Vagabonds en action le 7 mars prochain à l’Avant Seine, petit retour sur l’histoire du clown, ses codes et ses influences.
PETITE HISTOIRE DU CLOWN
Le clown est un terme d’origine anglaise. Clown signifie paysan au sens le plus péjoratif, c’est à dire un homme balourd. Ses origines sont à la fois multiples et assez incertaines: bouffon de l’Antiquité, fou du Moyen Âge, personnage issu de la Commedia dell’arte… C’est une figure qui semble s’être inventée elle-même à partir de multiples modèles qu’il n’a toutefois pas imités strictement.
L’écuyer Philip Astley, à l’origine de la création du cirque traditionnel, engage dès 1770 des bouffons de piste chargés de meubler les temps morts entre les numéros d’un spectacle essentiellement équestre. Le clown jouait alors le rôle d’un palefrenier maladroit.
Sous le Second Empire, Paris, qui a vu déferler d’Angleterre la première vague de clowns, devient la capitale européenne du cirque. Mondains, artistes et intellectuels s’y donnent rendez-vous et s’entichent de ces nouveaux personnages, alors beaucoup représentés en peintures et gravures par le mouvement impressioniste, puis par les début du cubisme avec les premières toiles de Picasso. Chagall peindra également de nombreuses représentations de clowns et d’Arlequin. Cette fascination trouve son apogée dans les années vingt. Écrivains, peintres, auteurs dramatiques et cinéastes viennent puiser au cirque de nouvelles émotions.
LE CLOWN EN QUELQUES CODES
On dit que les clowns font des entrées et non des numéros. L’entrée de clown est définie comme une petite comédie dont le dialogue est souvent réduit au minimum pour ne pas alourdir l’action. Les clowns sont rarement bavards. Les canevas des entrées sont puisés dans le fonds commun de la farce et transmis par voie orale de génération en génération.
Les thèmes sont très simples, les arguments très minces. Ce sont les interprètes qui donnent toute la singularité et la force expressive au numéro. Une même entrée peut ainsi prendre des formes très différentes selon les artistes qui l’interprètent.
Pour palier l’interdiction de parole, le clown a dû très tôt se montrer un artiste exceptionnel. Pour parodier l’écuyer, il faut être meilleur que l’écuyer. Pour présenter chiens, chats ou perroquets, il faut connaître les clefs du dressage. Et pour jouer du violon au sommet d’une échelle en équilibre, il faut avoir appris la musique. Le clown est un virtuose, un artiste complet.
CONCERTO POUR DEUX CLOWNS, UN MÉLANGE DES GENRES
Dans ce spectacle les deux protagonistes s’inspirent des codes du clown blanc et de l’Auguste. Il y a elle, perruque blanche, visage blanchi des nobles de la Cour, allure altière, et alto à la main. Et lui, un peu voûté, un peu ballot dont la barbe rend les traits plus sombres, portant tuba et ballots de paille.
Traditionnellement le clown blanc est élégant, aérien, pétillant, malicieux, parfois autoritaire. Il fait valoir l’auguste, le met en valeur. L’auguste, lui porte un nez rouge, un maquillage utilisant le noir, une perruque, des vêtements burlesques. Il est totalement impertinent, se lance dans toutes les bouffonneries. Il déstabilise le clown blanc dont il fait sans cesse échouer les entreprises, même s’il est plein de bonne volonté.
Mais nos deux clowns, à l’instar des clowns traditionnels, sont aussi acrobates virtuoses et musiciens.