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Si vous pensez que Disney a tout inventé, vous vous trompez. En réalité, ni Charles Perrault ni même les frères Grimm ne sont à l’origine des contes de fées. Petit historique du conte de Cendrillon, à travers les siècles et les plumes.
La toute première version de Cendrillon remonte au IXème siècle Av. J.C, en Chine. Ce n’est qu’en 1634 qu’elle arrive en Europe, retranscrite par l’auteur italien Giambattista Basile. Il est considéré comme le premier auteur à avoir rassemblés des contes dans son recueil le Pentamerone, où se trouvent les premières versions de la Belle au bois dormant, du Petit Chaperon Rouge et du Chat Botté. Cependant, si Charles Perrault, Andersen et les frères Grimm sont considérés comme les véritables auteurs des contes, c’est parce qu’ils ont chacun revisité les histoires à leur manière en les adaptant à un plus jeune public.
Chez Perrault
Cendrillon ou la Petite Pantoufle de verre est un conte écrit par Charles Perrault à partir de retranscription de versions orales du conte de Cendrillon. Il fut publié en 1697.
La langue est fluide et policée, le récit rapide, les personnages anonymes, physiquement peu caractérisés, juste dotés de quelques qualificatifs d’ordre moral. C’est une version expurgée du sadisme ou des connotations sexuelles que comportent certains récits traditionnels : c’est un gentilhomme de la cour qui fait en douceur l’essai de la pantoufle, Cendrillon pardonne à ses sœurs. On y trouve citrouille-carrosse, rat-cocher, souris- chevaux, lézards-laquais, et pantoufle de verre perdue en s’échappant lors de sa deuxième soirée de bal.
Chez les Frères Grimm
En 1812, les frères Grimm récrivent l’histoire de Cendrillon, à partir de fragments de nombreuses versions recueillies dans diverses traditions. Ils optent pour une tonalité cruelle. Le conte commence par le décès de la mère et ses derniers mots à sa fille (« Chère Enfant, reste bonne et pieuse, et le bon Dieu t’aidera toujours, et moi, du haut du ciel, je te regarderai et te protégerai »). Commence alors une véritable maltraitance par les deux sœurs « jolies et blanches de visage, mais laides et noires de cœur ». Il n’y a ici ni fée, ni carrosse, mais un enchaînement d’épreuves que Cendrillon devra relever pour aller au bal.
Chez Walt Disney
Si les versions de Perrault et des frères Grimm, sont celles qui ont nourri le plus sûrement notre imaginaire moderne, c’est sans compter la version de Walt Disney en 1950. Cette dernière, plus proche de Perrault que de Grimm, reformate le conte aux normes du spectacle familial et des valeurs dominantes (la qualité des filles se mesure à leur bonne grâce à accomplir les tâches ménagères, le père n’apparaît pas comme faible face à sa nouvelle femme : il meurt avant que commence la maltraitance de sa fille, les animaux sont humanisés et la dimension surnaturelle des accords de Cendrillon avec la nature s’en trouve affaiblie.)
Chez Joël Pommerat
Après Le Petit Chaperon Rouge et Pinocchio, il décide en 2011 de réinventer Cendrillon à sa façon, pour en faire une pièce « sur la mort, sur la vie et sur le temps », un voyage captivant sur le passage de l’enfance à l’âge adulte.
Cendrillon, renommée Sandra, est en partie responsable de son propre malheur selon la logique masochiste d’un deuil impossible. Il renoue avec la tradition des contes adressés à tous à rebours de leur valorisation au sein d’une littérature enfantine et moraliste. Même s’il adapte sa parole aux enfants, il s’empare de ces histoires, car elles continuent de le toucher en tant qu’adulte. On y retrouve les grands questionnements de toute son œuvre : les liens intergénérationnels, la coexistence, le sens de l’existence et le désir de vivre, la tension entre le réel et l’imaginaire… « Je leur raconte des histoires d’enfants. Pas des histoires pour les enfants » précise t-il.
SOURCES : la terrible origine des contes de fées