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« Carlos Gardel était un chanteur et compositeur naturalisé argentin, considéré comme le tanguero le plus important de la première moitié du XXe siècle. Sa naissance a toujours été entourée d’un véritable mystère. Aujourd’hui encore, la controverse et la confusion subsistent parmi les historiens. »
Patrick Nottret / France Inter
Charles Romuald Gardès a deux ans quand sa mère, Berthe Gardès, s’exile à Buenos Aires certainement pour échapper à l’opprobre populaire car elle était fille-mère. L’Argentine à cette époque était très prisée par les immigrés français et elle y trouva un emploi dans un atelier de repassage.
Dès l’âge de 11 ans, Carlos chante dans une chorale du collège Pie IX où il est scolarisé. Pendant son adolescence, en quête d’indépendance, il abandonne son foyer et il fait divers petits boulots pour subsister. Toujours attiré par le chant, il s’amuse à imiter les grands ténors, et chante dans un café nommé « O’Rondeman » en échange de nourriture.
On apprécie rapidement le timbre de sa voix, et Carlos Gardel parvient très vite à se faire une réputation dans les bars populaires de la capitale Argentine.
En 1911, à 21 ans, il fait connaissance de José Razzano, surnommé « El Oriental » en raison de son origine uruguayenne, et avec lequel il va former un duo chantant des chansons créoles. En 1912, il enregistre 15 chansons sous le label de Columbia Records, sur lesquelles il s’accompagne lui-même à la guitare.
C’est à cette époque que Carlos va changer son nom par celui qui le rendra célèbre dans le monde entier : Gardel.
C’est en 1917 qu’il est reconnu comme véritable chanteur de Tango en interprétant la chanson « Mi noche triste » (de Samuel Castriota et Pascual Contursi). Le succès est immédiat. D’une musique pour danser, le tango devient une musique pour chanter. Gardel devient celui qui, comme le dit Enrique Santos Discépolo, fait «monter le tango des pieds aux lèvres». Avec sa voix chaude et colorée de ténor baryton, il ajoute un sentiment dramatique sans pour autant verser dans le pathos sirupeux à la mode de l’époque. À cette réussite, s’ajoute un aspect social : venant de la rue, le tango monte sur scène, avec toute la symbolique de la réussite, «on peut s’en sortir !» et Gardel en est l’incarnation avant d’en devenir le mythe.
En 1925, le duo Gardel-Razzano se sépare, mais lié par leur profonde amitié, Razzano collabore toujours avec Gardel en gérant les affaires, organisant ses tournées et choisissant son répertoire.La gloire venue, les concerts et les tournées rapportent beaucoup d’argent et Gardel dépense sans compter, généreux avec sa mère (qui ne travaille plus) et ses amis. Très discret sur sa vie privée, il cache sa fiancée, Isabel del Valle, leurs fiançailles dureront douze ans, mais ils ne se marient pas. Cela accentuera encore le mythe – l’homme seul, désespérément seul, avec comme unique amour, celui de et pour sa mère ! En dehors de sa vie d’artiste et de noctambule, Carlos Gardel est aussi passionné par les courses hippiques, au point d’acheter un cheval, appelé Lunático, pas très performant mais qui donnera le très beau tango « Por una cabeza ».
Embarquement pour Paris à l’automne 1928. Gardel reste quatre mois en tournée dans un cabaret de Pigalle, le Florida. Suite à ce succès, il est invité à l’Opéra de Paris en présence du Président de la République. Il chante aussi avec Joséphine Baker dans une soirée de charité. Il lui arrive même de chanter en français, « Parlez-moi d’amour », en italien et en portugais.
De retour en Argentine en 1933, il fait une tournée dans le pays, puis en Uruguay. Ce sera la dernière fois que le public argentin et uruguayen le verra. Le 6 novembre 1933, il enregistre son dernier tango à Buenos Aires, « Madame Ivonne ».
Entre 1934 et 1935 il part à la conquête du marché nord américain et enregistre 2 disques aux Etats-Unis. Il chante à la radio et joue dans des films qui auront beaucoup de succès et lui permettront d’étendre sa renommée sur tout le continent américain. Il y fait la connaissance d’un jeune argentin de 13 ans qui habite New York et qui joue du Bandonéon : Astor Piazzolla. Carlos Gardel part ensuite à Hollywood. Il sollicite la venue de Astor Piazzolla, mais celui-ci étant mineur, il n’obtient pas l’autorisation pour entreprendre le voyage. Les destins des deux grandes figures du Tango allaient donc se séparer, mais cette rencontre influencera de manière décisive la carrière du jeune Astor.
Il fait ensuite une tournée en Amérique centrale et en Amérique du Sud en 1935, passant par Puerto Rico, Aruba, Curaçao, le Venezuela et la Colombie où le destin va mettre fin de façon tragique à sa vie.
Le lundi 24 juin 1935, l’avion dans lequel il voyage s’écrase près de Medellin en Colombie, et Carlos Gardel meurt au sommet de sa gloire. La qualité de sa voix et sa mort prématurée vont être les éléments déterminants qui feront de lui un mythe populaire.
Carlos Gardel incarne désormais et de façon indiscutable le tango et restera à jamais dans le cœur des argentins le plus grand mythe de Buenos Aires.