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Avec l’exposition Imaginarium, abordez le débat philosophique entre art et artisanat et trouvez dans cette fiche des éléments complémentaires pour mieux penser cette distinction.
une distinction philosophique et historique
Art et artisanat sont deux activités créatrices.Tracer la limite entre elles pour établir leurs différences n’est pas forcément facile. Et pour cause, la distinction entre les deux est un concept relativement récent au regard de l’ampleur de l’Histoire de l’art. Jusqu’à la Renaissance, le statut d’artiste n’existe pas. La création artistique est réalisée dans des ateliers, au sein de guildes et de corporations de métiers.
Sous l’influence de la pensée antique qui est redécouverte à cette période, on commence à faire la distinction entre artiste et artisan, entre une œuvre innovante, dénuée de finalité et tournée vers la recherche du beau, qui donne son mérite à son auteur, et un objet fonctionnel qui est le produit d’un savoir faire, sans avoir d’autre paternité que celle de l’atelier où il a été créé.
l’émancipation de l’artiste au 19e siècle
La distinction artiste/artisan se renforce à partir du XVIIIe siècle pour s’imposer ensuite au XIXe siècle avec le développement d’un marché de l’art autonome. Les artistes constituent une nouvelle forme d’élite intellectuelle dont les œuvres invitent au détachement et à la contemplation. Le système de commande, bien que toujours employé, se met en retrait.
En effet, si jusque-là les artistes répondaient aux demandes de mécènes et devaient souvent intégrer des représentations de ces derniers dans leurs créations, ce nouveau marché leur permet d’explorer librement leur imaginaire et d’entrer dans une démarche de renouvellement des codes esthétiques et artistiques.
Avec l’arrivée du monde industriel, le système de guilde laisse sa place au monde ouvrier qui se détache du principe de transmission d’un savoir faire. Le métier d’artisan devient moins indispensable et voit ses effectifs se réduire et se spécialiser, soit sur de nouveaux secteurs apportés par les évolutions technologiques, soit sur un artisanat d’art, gardien de savoir-faire ancestraux.
une distinction aux contours flous
Depuis le XXe siècle, plusieurs découvertes et nouveaux mouvements artistiques sont venus perturber cette distinction. La réhabilitation des arts dits «primitifs» a contribué à montrer que cette séparation est un phénomène occidental lié à la conception du beau régnant dans cette partie du monde, là où la pensée des anciens mondes colonisés perçoivent le beau dans la maîtrise parfaite de la réalisation d’objets, usuels ou non, grâce aux savoir-faire transmis de génération en génération.
Cette révélation accompagne la démarche des avant-gardes de ce début de siècle qui explorent de nombreuses techniques issues de l’artisanat si l’on pense aux réalisations de Picasso ou Fernand Léger. Mais le mouvement qui rétablit le flou entre art et artisanat est sans nul doute celui du Bauhaus de Weimar. Cette école artistique donne naissance au design et vise à insuffler de la beauté dans les objets quotidiens, que ce soit une chaise ou encore une théière. Cette pensée infuse des domaines comme l’architecture ou l’urbanisme jusqu’à aujourd’hui.
La catégorie des métiers d’artisanat d’art bouscule encore cette distinction car ils sont grandement mis au service de démarches artistiques que l’on pense aux esthétiques foraines et de rue ou à ces catégories d’art hybrides comme les arts textiles.
Retrouvez plus d’images et d’activités autour des notions d’art et d’artisanat dans notre fiche complète en PDF.
Image de présentation : Le colibri de la Halle des Machines, Les Machines de l’Ile de Nantes, 2018 – © Seb Perrotin