dans
la programmation
Elise Vigier et Marcial Di Fonzo Bo, les deux metteurs en scène de M comme Méliès, ayant tous deux suivi la formation de l’Ecole du Théâtre National de Bretagne, nous expliquent ici leurs intentions de mise en scène qui ne cesse d’interroger l’univers de Méliès. L’artiste, né en 1861, a réalisé presque 600 films, toujours plein de magie et d’ingéniosité.
La voix off de Méliès sur le plateau
Méliès ne sera pas incarné au plateau mais prendra forme dans plusieurs personnages et différentes figures. Sa voix sera présente, une voix off qui pourra s’incarner dans les objets, acteurs ou décors, machines et accessoires ou au contraire être en distance comme la voix d’un conteur : Méliès lui-même.
Cette voix nous racontera l’extraordinaire histoire de cet homme pris au gré des transformations et transfigurations. Lui qui a tout donné – jusqu’à sa fortune – à l’invention des fables, à la création d’instants de grâce saisis par la pellicule, participant, sans le savoir, aux fondements de l’art cinématographique.
Nous avons choisi de nous inspirer de ses entretiens et de ses écrits.
Une volonté de revenir sur ses dispositifs techniques cinématographiques
Georges Méliès est l’exemple parfait de l’inventeur-artisan.
Nous voudrions donner à voir et à entendre comment l’art se fabrique. Nous partirons des plateaux du théâtre Robert- Houdin, de la construction des décors, de la scénographie, des costumes, de la lumière, tout ce qui constitue l’art de la mise en scène. Montrer avec burlesque et féerie comment s’élaborait et se construisait un de ces films, les coulisses de la mise en scène. Montrer comment une idée se met en place concrètement, avec quels outils. Comment un rêve, ou plutôt une rêverie, rencontre des obstacles, techniques ou humains et, enfin, comment la magie apparaît et est saisie par la pellicule. […]
Quand Le Voyage dans la Lune rencontre l’histoire personnelle de Méliès
Nous centrerons le récit pendant le tournage de son chef-d’oeuvre, Le Voyage dans la lune, réalisé en 1902, du début des répétitions jusqu’à l’élaboration des décors, la mise en scène, les tours de magie. Et le film prendra corps sous nos yeux. Évidemment d’autres tournages et répétitions, d’autres numéros pourront venir heurter ce fil rouge du voyage sur la lune. Comme par exemple le voyage de Georges Méliès à l’intérieur de ses propres fictions et procédés…
Et pendant que les répétitions et le tournage du film auront lieu sur scène, Méliès nous racontera sa vie, ses techniques, son travail, sa pensée, l’élaboration des tours de magies, la fabrication des images. […] Méliès a accepté de raconter sa vie à un émissaire italien, il rapporte : « Je fus à la fois travailleur « intellectuel » et manuel. Cela explique pourquoi j’ai aimé le cinéma passionnément. Cet art les renferme presque tous. Les conceptions fantaisistes, comiques ou fantastiques, voire même artistiques, qui se pressaient en foule dans mon imagination, trouvaient grâce à lui, le moyen de se réaliser. Toute ma vie j’ai cherché, inventé, et exécuté. »
Le spectacle tentera de donner l’apparence de la réalité aux rêves les plus chimériques, aux inventions les plus invraisemblables de l’imagination. Réaliser l’impossible, puisqu’on le saisit au plateau et qu’on le fait voir, en traçant la vie et l’œuvre de Georges Méliès, pionnier du cinéma et premier explorateur de la lune !