L’hymne à la reconquête de l’amour – Edith et moi

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la programmation

Figure culte de la chanson française, mondialement connue, représentée avec émotion lors des dernières cérémonies sportives ayant fait l’actualité,  la Môme a une place de choix dans le cœur de beaucoup. Tout le monde la connaît et certains même, en elle se reconnaissent. C’est le cas par exemple de Yaël Rasooly, qui aux côtés de l’icône parisienne, nous raconte son histoire…

Le ciel bleu sur nous peut s’effondrer

Cela fait quinze ans que Yaël Rasooly apporte sur scène le sujet des violences faites aux femmes et aux enfants, qu’elle puise en elle pour transformer, bâtir des suites d’un drame et trouver les fondations de ses récits dans ses propres histoires. Ce volet “Edith et moi” se concentre tout particulièrement sur le cheminement de l’artiste vers un mieux-être, une guérison et ce travail trouve sa raison d’être dans le fait qu’il soit utile. C’est le but de cette mise en lumière d’histoires intimes tragiques -qui composent parfois la vie- : éteindre le sentiment de solitude que peuvent ressentir les personnes se trouvant dans le public, faisant face aux mêmes situations.

La Môme a elle-même connu une vie souvent ombragée, née dans une famille négligeant les soins qui devaient lui être apportés petite fille, plus tard la débauche et les mauvaises fréquentations, une vie intime tumultueuse, jusqu’aux tragiques pertes de sa fille et de son grand amour le boxeur Marcel Cerdan. Il n’y a finalement que sur scène qu’elle observe une constance, Edith Piaf est une vedette incontestée.

Et c’est quelque part entre ses peines, qu’elle trouve la force de toujours remonter sur scène. Plus tard, bien qu’abîmée par de nombreuses substances prises dans l’espoir de supporter les drames, elle garde en elle cette passion pour la chanson.

C’est en s’inspirant de cette aptitude à toujours rebondir pour son art que Yaël Rasooly retrouve le chemin des planches. Edith Piaf l’a sauvée, l’a aidée à trouver une voix pour se remettre d’un traumatisme et se défaire de ses peurs et enfin retrouver la scène, pour elle la chanteuse, qui avait perdu sa voix d’avoir trop souffert.

Quand elle me prend dans ses bras

Des yeux comme des billes, brillants, on devinerait presque en eux une lueur, mais le visage lui est figé et l’émotion unique. Le cou se tord et les bras se lèvent, mais jamais en autonomie… Curieux objet qu’est la marionnette !
Si cela a été le lot de beaucoup d’âmes en peine que de trouver réconfort auprès d’une poupée un jour dans son enfance, il est assez unique de transformer avec virtuosité ses drames en art en compagnie de ces poupées de cire.

Mais pourtant sur scène, elles partagent une voix, un corps et un bout de leur histoire. Une histoire de vie :  tantôt d’artiste, tantôt de femme. Leurs passés abritent les mêmes démons et leurs cœurs ont connu les mêmes sursauts, les mêmes effondrements. Collées, elles développent des liens de sororité, unies contre la peur. Fusionnelles, l’une porte l’autre. Alors tout naturellement, sur scène les deux femmes se confondent pour livrer un récit en chansons, sans jamais se départir d’une fougue qui, elle, demeure double. C’est aussi deux fois plus de force pour porter leur art. En chœur elles retrouveront chaleur, humour et le goût de lutter.

Là peut-être réside toute la magie des marionnettes, faisant exister une relation entre Edith Piaf et Yaël Rasooly sur scène, nous convainquant qu’une Edith assure ses arrières en coach invétérée. Mais une fois sortis de la salle, nous nous rappellerons que cette exaltante Edith en Yaël trouvait sa voix…

Justine Komé