Suspendue dans les airs, la danseuse domptait le fer – Origami de Satchie Noro

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la programmation

Origami

vendredi 6.09.2024 à 19h

Prendre le pli d’une réflexion nouvelle

La danseuse et chorégraphe Satchie Noro fonde en 2002 la compagnie Furinkaï avec l’intention de créer un espace “de recharge, de transmission et de création”.
Après une formation en danse classique, différentes expériences et nombreuses collaborations artistiques à travers le monde, elle va se concentrer sur ses propres créations, transversales, inspirées et, de préférence, “hors les murs”, lui conférant un style unique et reconnaissable. En puisant dans l’espace public, la chorégraphe invente l’objet-agrès et sollicite l’environnement qui l’entoure pour que ce dernier devienne son partenaire de jeu. En 2016, elle prend également, avec Olivier Verzelen, la codirection de l’école de cirque et lieu de fabrique « Les Noctambules », à Nanterre.


À son écriture chorégraphique se lient plusieurs gimmicks : du mouvement et de l’espace, des jeux de perspective pour redécouvrir ce qui nous entoure et enfin, laisser place à l’envoûtement. Tout en préservant sa liberté d’expression, elle poursuit l’objectif de s’adapter aux publics et leurs environnements, rarement envisagés pour accueillir une performance artistique.

 

Et la rigidité se courbe

Ce qui caractérise aussi le travail de Satchie Noro, ce sont ses collaborations avec d’autres artistes, comme ici Silvain Ohl, concepteur, constructeur, scénographe, poète, avec qui elle va s’associer pour créer Origami. Ensemble ils vont détourner les volumes imposants d’un curieux objet de convoitise : un container et ce, en s’inspirant des pliages ancestraux. Ainsi ce n’est plus la danseuse qui se plie et se déploie, mais bien l’objet qui obéit aux directives de la danseuse.

“Demi-plié, petit plié, grand plié…”

Naît alors un duo invraisemblable où danseuse et container, se meuvent et se répondent, basculent et contrebalancent leur partenaire, dans un tournoiement étonnamment complice et espiègle, mais aussi d’une grande précision pour ne pas perdre l’équilibre. Cette drôle de boîte, habituée des grandes traversées emprunte au papier des formes graphiques et surprenantes. Et l’air de rien, à travers les regards de Satchie Noro et Sylvain Ohl, le container nous apparaîtrait finalement comme l’incarnation ultime de l’objet poétique, apothéose de légèreté et de souplesse. Mais encore fallait-il, pour le percevoir, prendre un peu de hauteur et ne pas avoir peur du vide…

 

Justine Komé