dans
la programmation
Au commencement, la passion…
Il y a eu tour à tour dans son salon Beethoven, Tina Turner, la musique symphonique et la musique kabyle. Sans distinction, pourvu qu’il soit question de musique. Tous les styles traversent le foyer de Zahia Ziouani durant son enfance. C’est alors tout naturellement et soutenue par des parents mélomanes qu’elle se lance dans la musique et débute à la guitare.
Mais ce qui fait rêver la jeune fille c’est d’appartenir à un orchestre ! De ceux qui la bercent depuis toujours alors, elle se tourne vers l’alto et se glisse ainsi dans les rangs d’un ensemble musical convoité, au plus près du…chef d’orchestre : figure qui fédère, emmène, crée un unité. Une vocation était née.
S’en suivent des études au conservatoire et à la Sorbonne dont elle sort multi diplômée et à l’issue desquelles elle fonde l’orchestre symphonique Divertimento.
Nous sommes alors en 1998 et Zahia, à son tour, devient cheffe d’orchestre et directrice musicale. L’aboutissement d’un travail long et exigeant qui se poursuit tout au long de sa carrière pour conserver son excellence. Le fruit de ce travail parle pour elle et nous force à présenter aujourd’hui Zahia Ziouani comme étant, avant tout et plus que tout : une cheffe d’orchestre prodigieuse.
Mais au regard des chiffres actuels, ne pas souligner qu’elle figure parmi les 7,9% de femmes cheffes d’orchestre serait omettre son mérite, d’autant plus grand, de s’être faite une place dans le monde fermé des grands musiciens en prenant la tête d’un orchestre composé de 70 artistes.
À 20 ans, elle n’a rien à envier aux plus grands et s’apprête à renverser les codes du classique.
… associée à un objectif : abattre les cloisons !
Le résultat est sans appel, en faisant vivre cette musique, partout où elle passe, les salles affichent complet. Les publics ont besoin de cela. Par la musique on parle du monde, on s’ouvre aux autres.
Mais pour en arriver là, Zahia Ziouani mène des projets avec une grande liberté, joyeuse et revendiquée. Quittant le classique un temps pour mieux y revenir ensuite, certains projets se feront par exemple dans le cadre des Jeux olympiques. Elle n’hésite pas non plus à s’approprier un registre plus populaire, comme avec les musiques de « Star Wars » (La Guerre des étoiles), une manière d’amener le plus jeune public à ne plus avoir peur des orchestres. Cette cheffe unique y tient, son travail est engagé et a pour ambition d’attirer tous les profils, toutes les générations, toutes les classes sociales, tous les genres et toutes les origines vers la musique symphonique, autant parmi les artistes qu’au sein du public. Et cela commence par un répertoire choisi, qui n’omet jamais pour autant, la période baroque chère à son cœur.
C’est ainsi qu’elle emmène la puissance de son orchestre symphonique partout. Dans les grandes salles de concert, en territoire urbain ou rural, carcéral ou hospitalier. Car elle le sait, cette musique apporte douceur et réflexions. La musique est un milieu de rencontre.
Pour cela un seul secret : la transmission.
Parce qu’elle a conscience que tous les enfants n’ont pas, comme elle, la chance de découvrir la musique par la famille, elle met en lumière la responsabilité de l’artiste de donner l’accès à toutes et tous à la musique. Et pour transmettre l’excellence, le patrimoine musical, elle commence par installer son orchestre en Seine Saint Denis, là où elle a grandi en se souvenant avec indignation ne jamais avoir trouvé normal qu’il faille se rendre à Paris pour écouter de la musique classique.
Bien entendu elle ne se contente par de transmettre sans interroger l’importance comme l’origine des morceaux qui traversent les siècles et font aujourd’hui notre patrimoine culturel. D’ailleurs sa culture à elle se situe au croisement entre les musiques classiques d’Europe et les musiques d’Algérie, mais elle tient à souligner : “Ça peut paraître curieux, ici, en France de voir des jeunes issus de l’immigration qui excellent dans des domaines qui ne font pas forcément partie à la base de la culture algérienne… Mais moi, je suis née en France, j’ai grandi en France, j’ai côtoyé la société française tous les jours…”
En 2007, elle est nommée première cheffe d’orchestre invitée de l’Orchestre national d’Algérie dans le cadre de l’évènement : « Alger, capitale de la culture arabe ». L’occasion une nouvelle fois de transmettre, en travaillant au plus près de ses racines, avec des musiques qui ont accompagné ses jeunes années, l’Algérie étant le pays d’origine de ses parents.
C’est toujours en ce sens qu’elle fait le choix de s’attaquer au répertoire de l’illustre compositeur Camille Saint-Saëns, sous l’angle des voyages de ce dernier qui a pour destination de prédilection l’Egypte et l’Algérie. Se rendre dans ces pays près d’une vingtaine de fois a inspiré et influencé sa musique, et cela a son importance dans le travail de la cheffe d’orchestre qui aime rappeler que ce qui compose la richesse du patrimoine culturel français s’est bâti sur d’autres cultures.
Zahia Ziouani est une figure remarquable et essentielle à la culture. Elle contribue aujourd’hui à créer un monde futur où son parcours ne fera plus exception. Un futur où la présenter comme cette femme cheffe d’orchestre qui, au delà du prodige et du travail, a su atteindre l’excellence en dépit de ses origines sociales sera anecdotique. Ce qui signifiera qu’enfin, la musique symphonique sera accessible à toutes et tous.
Justine Komé
Distribution et mentions complètes
Orchestre Divertimento
Direction Zahia Ziouani
Chant et violon traditionnel Rachid Brahim-Djelloul
Ensemble Amedyez
Violoncelle Fettouma Ziouani
Harpe Stéphane France Léger
Production Orchestre Divertimento