dans
la programmation
Nouvelle création de la compagnie Via Katlehong, cette pièce en deux parties véhicule une énergie électrisante et communicative à travers une danse fédératrice et des corps frénétiques.
Danse engagée
Tout a débuté en 1992, année du référendum sur la fin de la ségrégation, dans le township de Katlehong en Afrique du Sud.
Les Via Katlehong tirent leur nom de cette banlieue pauvre de Johannesburg où est née la culture contestataire sud-africaine. D’abord regroupé sous forme de collectif, pour poursuivre une mission éducative, culturelle et sociale (éloigner les enfants de la rue, lutter contre la criminalisation…), ils forment ensuite une compagnie. Animée par l’envie de travailler avec des chorégraphes internationaux, la compagnie se nourrit de ses rencontres, et puise son inspiration dans des danses urbaines engagées aux styles très marqués comme le pantsula, ou bien encore la tap danse, le step ou le gumboot.
Ses danses traditionnelles aux noms évocateurs ont une histoire.
Le pantsula, dont la traduction du zoulou signifierait « se dandiner comme un canard », est synonyme de danse très énergique et syncopée. Elle se caractérise par des frappes de pieds, des mouvements de jambe effrénés, et également des mimes et des gestes parodiques pour « raconter tout en dansant » comme dans la plus pure tradition africaine. Des influences comme le jazz américain des années 30 ou le hip-hop et le break dance qui émergent dans les années 80 viennent aussi nourrir cette danse. Le groupe est très important dans la pratique de cette danse qui y puise toute la force de son expression.
Dans tous ses spectacles, la compagnie Via Katlehong défend la culture pantsula dont elle est issue. Dans les années 60-70, sous le régime de l’apartheid en Afrique du Sud, les populations rurales noires sont déplacées vers les grandes villes et regroupées dans les townships. C’est dans ces ghettos, où règnent chômage et criminalité, que va naître la culture pantsula, à laquelle s’identifie toute la jeunesse des townships. Destinée à l’origine à la lutte contre l’apartheid (non violente), le pantsula était pratiqué par des troupes composées d’hommes d’un certain âge qui rivalisaient dans des compétitions de “street dance” (danse de rue). Progressivement, le pantsula s’impose et est dansé dans toute l’Afrique du Sud. Pour la jeune génération, le pantsula est plus qu’une danse ou une musique, c’est un terrain d’expression, et une célébration de la liberté retrouvée depuis la fin de l’apartheid, un mode de vie, une façon d’être et d’agir.
Le gumboot ou « botte en caoutchouc » doit son nom à une danse réalisée par les mineurs qui frappaient leurs mains sur leurs cuisses et leurs mollets. Ces bruitages étaient au départ une façon non-verbale de communiquer dans cet univers hostile (enchaînements, humidité, obscurité, interdiction de parler…).
Création partagée
Pour leur nouvelle création, les Via Katlehong se sont tournés vers deux chorégraphes européens, Amala Dianor et Marco da Silva Ferreira qui ont souhaité puiser le réservoir d’énergie et de revendication identitaire du collectif pour sculpter leur mouvement et leur scénographie.
La création se compose de deux parties :
Dans førms Inførms, le chorégraphe Marco da Silva Ferreira puise son inspiration dans ses danses tradidionnelles en s’intéressant aux schémas corporels en perpétuelle décomposition et recomposition. Ces corps désarticulés et tonifiés l’inspirent et évoquent pour lui la rébellion, Ces danses (pantsula, top rock, kuduro..) se fondent pour lui sur « une énergie collective qui les organise, les transforme, et les libère de toute règle.
Avec Emaphakathini (qui signifie « entre deux » en zoulou) , le chorégraphe Amala Dianor explore un travail de métissage. Comme une manière de repousser les frontières, afin de déplacer les lignes de séparation pour créer de nouveaux espaces mêlés. C’est cet entre-deux qu’évoque Emaphakathini, en offrant un élan de vitalité qui prend le pas sur les cicatrices du passé.
Cette création a été composée comme une « guérison » après la période sombre que nous avons vécue, ébranlés par la crise sanitaire au niveau international.
Comme chaque création on retrouve le mot « via » car le collectif perçoit la vie comme un voyage… et cette fois-ci, Via Injabulo signifie « joie » en zoulou. Il est question ici d’avoir le courage, l’énergie de revenir, de guérir des maux de retrouver son énergie et la communiquer pour hurler à travers les corps… sa fureur de vivre !
Avec puissance et fragilité, Via Injabulo vous donnera envie de bouger. Préparez-vous à danser !