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Cet article, publié par le Cirque Théâtre d’Elbeuf, met en lumière la place du monstre dans le cirque contemporain. Un thème privilégié comme moyen de dépassement du cirque traditionnel.
«Quelles que soient les civilisations, les monstres ont permis à l’humanité de s’interroger sur sa propre nature et ses frontières avec l’animalité.» (Yvanne Chenouf Les monstres, le bruit de fond de la nature )
La figure du monstre dans le cirque est un thème très souvent utilisé. En référence au cirque traditionnel d’abord, puisque très souvent le cirque et les artistes ont été associées à des bêtes de foire monstrueuses destinées d’ailleurs à la monstration devant un public (la femme à barbe, etc). Dans le spectacle Bêtes de Foire, justement, nous retrouvons une référence à cette histoire du cirque.
Le monstre est ainsi pour les circassiens contemporains une manière de dénoncer le traitement de l’artiste de cirque dans le cirque traditionnel à l’époque. Il affirme la place de l’artiste en tant que créateur et l’affranchi de sa condition première. C’est ce qu’exprime clairement la compagnie MPTA dans son nom même. MPTA sonne comme un manifeste, cela signifie « Les Mains, les Pieds et la Tête Aussi », souhaitant clairement dire que l’artiste de cirque pense et n’est pas simplement un corps sur patte, destiné à être exposé au public.
L’artiste de cirque utilise donc la figure du monstre en contrepied, pour mieux affirmer son humanité.
Monstro, du Collectif sous le Manteau, s’insère donc dans une tradition sur le sujet du monstre. Mais pour parler cette fois, grâce à un agrès spécifique, du monstre à la fois individuel et collectif. Comment notre « monstre intérieur » réagit-il lorsqu’il est dans un groupe, confronté à d’autres « monstres intérieurs » ? Les artistes posent la question du monstre d’aujourd’hui, qui est-il ? Que nous dit-il sur notre société ?
Du verbe latin « monstrare » qui signifie montrer, le monstre est donc « ce qui doit être montré » (phénomène de foire). Mais les historiens ne s’accordent pas tous, et une autre étymologie serait possible, du latin « monstrum» qui signifie « prodige, avertissement ». Les monstres font ainsi figures de présage, ce sont des signes qui nécessitent une interprétation. Ils sont ceux qui dénoncent une société pour mieux annoncer l’avenir. Peut-être que le Collectif sous le Manteau laisse une porte ouverte à un regard sur le monde que seuls les monstres sont capables de voir…
à retrouver en intégralité sur Chroniques Circassiennes / La figure du montre dans le cirque
crédits photos : Miguel Bartolomeu